Pierre Lafitte et le golf féminin français
Le 18 juin 1908, Pierre Lafitte crée et dote le 1er championnat de golf des françaises, la Coupe Femina.
De Coupe Femina à Trophée Pierre Lafitte, ce championnat en stroke play est avec ses 100 ans, la plus ancienne épreuve féminine de golf en France.
Cette création, il l’a souhaitée dans l’espoir qu’un jour les françaises puissent rivaliser avec les meilleures joueuses britanniques et américaines.
Vu le palmarès du golf féminin français depuis un siècle, son vœu a été largement exaucé.
Généreux, charmeur, élégant « …P.L n’avait pas plus grand plaisir que de distribuer les récompenses, aux dames surtout, car il savait toujours obtenir de la lauréate un baiser qui faisait son bonheur…. Nul ne présidait une distribution de prix avec une meilleure grâce que Pierre Lafitte ….Tennis&Golf, N°36, 16 janvier 1939.
Pierre Lafitte
Né à Bordeaux en 1872, Pierre Lafitte poursuit ses études au lycée de Bordeaux. Passionné par les sports et plus particulièrement par le vélocipède, il crée au sein même du lycée, « le véloce-club ».
Etre journaliste sportif ( rêve fou pour l’époque ) est son objectif. Le jeune bordelais ne poursuit pas d’études universitaires mais intègre la Petite Gironde quotidien local puis Véloce-Sport, hebdomadaire sportif.
Ambitieux, volontaire, actif et entreprenant, il monte à Paris et s’y installe en 1892. Afin de gagner un peu d’argent, le jeune provincial trouve un travail comme vendeur aux cycles Humber.
Il rencontre Valentin Simond, alors directeur au quotidien l’Echo de Paris, et après maintes discussions, convainc celui-ci de l’engager.
Enfin le 13 octobre de cette même année, Pierre Lafitte ouvre sa rubrique « Cycling-Gazette » et signe son premier article sous le pseudonyme de Jehan de la Pédale.
En 1897, il devient le rédacteur en chef du premier numéro de La Vie au Grand Air « Revue illustrée de tous les sports » puis quelques mois plus tard, prend les rênes de ce magazine.
Les éditions Pierre Lafitte sont créées.
En quelques années, plusieurs magazines abordant différents sujets et tous illustrés sont édités : Femina en 1901, Musica, Je sais tout, La Vie à la Campagne, Fermes et Châteaux, Le Petit magazine de la Jeunesse.
Puis, la célèbre histoire du Gentleman Cambrioleur Arsène Lupin écrit par Maurice Leblanc, celle de Rouletabille etc..
Le succès, très vite au rendez vous, ouvre à Pierre Lafitte la porte des cercles sportifs mondains dont l’Automobile Club de France, l’Aéro-Club, le Cercle d’Escrime Hoche, la Société des Sports de Puteaux, le Cercle du Tir aux pigeons, le Golf de Paris etc…
Membre puis secrétaire de l’Académie des Sports, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 1905.
En 1906, le jeune bordelais devenu un grand chef d’entreprise installe tout, direction, rédaction, administration dans un bel immeuble de l’avenue des Champs-Elysées, l’hôtel de Dufayel ( au 90 ) . L’année suivante, il y ajoute une salle de spectacle, une galerie des fêtes, des ateliers de photogravure, de composition, de retouches etc. Un luxe artistique incomparable.
Pierre Lafitte a « le sens de l’actualité, de la publicité et du luxe… » décrit Rosny aîné.
Toujours à l’affût de nouveautés, il réalise en 1910, un grand projet : la création d’un quotidien fondé sur l’illustration photographique : l’Excelsior.
Pour ce projet, le milliardaire Basile Zaharoff, marchand de munitions, se porte garant et l’aide. ( Pour les Tintinophiles, Zaharoff est représenté par Hergé dans l’Oreille Cassée sous le nom de Bazaroff ).
En 1911, les Editions Pierre Lafitte publient « Le Golf »d’Arnaud Massy, préfacé par Pierre Deschamps, Président du golf de Paris.
Le livre est un succès et sera traduit en anglais en 1914. C’est le premier livre d’un professionnel de golf français traduit en langue anglaise.
En 1916, les éditions Pierre Lafitte sont en perte de vitesse. La maison Hachette devient acquéreur des superbes locaux parisiens et des Editions sauf le journal Excelsior. Le quotidien sera vendu à Paul Dupuy, fils de Jean Dupuy directeur du Petit Parisien en 1917. Un contrat avec Hachette permet à Pierre Lafitte de conserver une fonction de directeur littéraire et artistique au sein de ses anciennes éditions.
Vivre l’hiver à Paris, lui est de plus en plus pénible. Pendant cette période, il séjourne sur la Côte Basque ou sur la Côte d’Azur. Cela n’arrange pas ses affaires et, en 1925, son rôle chez Hachette se réduit à Conseiller Technique.
Toujours aussi passionné par son métier, il participe à la création de La Gazette de Biarritz en 1921 et à La Gazette de la Riviera en 1925.
Lorsqu’il réside à St Jean de Luz, il retrouve Arnaud Massy, arpente le parcours du Golf de la Nivelle et entre au Comité du Club.
Dans les années 30, il accumule plusieurs rôles de Conseiller auprès de la presse parisienne comme le Figaro, Paris-Soir, l’Intransigeant et de la dernière radio privée Radio-37. Il occupe également des fonctions honorifiques au syndicat de la presse périodique parisienne et au Syndicat des Directeurs de Journaux Sportifs qu’il avait créé à la fin de la guerre et dont, il avait assumé la présidence.
Pierre Lafitte décède le 13 décembre 1938.