LES CHAMPIONS OLYMPIQUES DE GOLF
Jeux de Paris 1900
Dames : l’Américaine Margaret Abbott
Messieurs : l’Américain Charles E Sands.
Jeux de Saint Louis 1904
Messieurs : le Canadien George S Lyon.
En Equipe : C’est l’équipe américaine du
Western Golf Association qui était composée de H. Chandler Egan, Daniel Sawyer, Robert Hunter, Kenneth Edwards, Clement Smoot, Warren Wood, Mason Phelps, Walter Egan, Edward Cummins, Nathaniel Moore.
LES JEUX DE PARIS, 1900
De la mi-mai à la fin octobre 1900, deux et surtout bien différentes manifestations se déroulent à Paris. L’Exposition Universelle Internationale avec ses nombreuses manifestations dont certaines sportives et les 2èmes Olympiades des Temps Modernes.
Prévues ensemble depuis 1894, les regrouper pouvait être une bonne idée. En réalité, l’Exposition Universelle a étouffé les Jeux et ceux-ci sont passés complètement inaperçus en tant que tel.
Pour mieux connaître et comprendre l’histoire de ces Jeux, André Drevon les racontent dans son livre «
Les Jeux Olympiques Oubliés de Paris » édité en 2000, par CNRS Editions.
Quant à Pierre de Coubertin, il a écrit dans Mémoires Olympiques parues en 1931 «
Il y avait un endroit au monde où l’on se montrait indifférent aux Jeux Olympiques, c’était avant tout Paris ».
Par contre, et malgré la directive de Pierre de Coubertin qui était de «
Recréer les Olympiades de façon identique à celles de la Grèce Antique », ces Jeux ont permis l’entrée officieuse des femmes.
Lors des Jeux Anciens, aucune femme y participait et ne pouvait y assister. L’accès même au sein du stade comme simple spectatrice leur était interdit sous peine de mort.
Le CIO reconnaîtra quelques années plus tard trois athlètes féminines des Jeux de Paris comme Championne Olympique :
– L’Américaine Margaret Abbott en golf
– L’’Helvétique Hélène de Pourtalès en voile
– La Britannique Charlotte Cooper en tennis.
Les concours de golf
L’organisation du 1er de tournoi olympique était sous la responsabilité de Mr La Perche, Mr Robert Fournier-Sarlovèze fondateur du golf de Compiègne en 1896 et du comte Jacques de Pourtalès.
Les épreuves, programmés du mardi 2 au jeudi 4 octobre, se sont déroulées sur le parcours de Compiègne.
Deux épreuves masculines ( le championnat en Scratch sur 36 trous et une en Net sur 18 trous ) et une épreuve féminine sur 9 trous en scratch sont à l’affiche.
Extrait du rapport :
le Jeu de Golf présenté par M. FOURNIER-SARLOVÈZE : Secrétaire du Comité d’Organisation Golf lors des Jeux de Paris 1900
…] Sur 52 joueurs ayant concouru dans le championnat des hommes, 41 étaient étrangers, principalement des Américains du Nord et des Anglais. 38 concurrents prirent part au handicap. 19 dames prirent part au championnat des dames. Dans ces deux derniers concours, la participation d’étrangers était à peu de chose près la même. C’est dans toutes les classes de la société, il est bon de le constater, que les concurrents, tous amateurs, s’étaient recrutés pour ces concours, car, à côté de millionnaires américains, nous avons vu dans la même partie de modestes employés et même un facteur des postes, distributeur de lettres dans le nord de l’Ecosse. M. Mackenzie Turpie, en effet facteur à Saint-Andrews, qui occupe ses loisirs à cet intéressant sport, n’avait pas craint la dépense très grande du voyage pour venir chercher une médaille de bronze, et cette récompense, simplement honorifique, l’avait, nous a-t-il dit, amplement payé de ses peines.[….
La plaisanterie sexiste concernant la signification du mot GOLF : Gentlemen Only Ladies Forbidden, ne semblant pas correspondre à l’esprit des Gentlemen Golfeurs, je commencerais par les résultats féminins.
Le Prix de la ville de Compiègne ou Championnat Olympique de Golf Dames
Golfeuses, fières, volontaires, élégantes et prêtent « au sacrifice », toutes, dont cinq françaises, Mme Froment-Meurice, Mme Fournier-Sarlovèze, la baronne de Fain, Mme Gelbert et Mme A. Brun se présentent le 4 octobre sur le tertre du départ N°1 pour disputer le Prix de la ville de Compiègne.
La victoire revient à la jeune Américaine
Margaret Abbott* avec un score de 47.
Quant à nos chères compatriotes, c’est Mme Froment-Meurice du golf de Compiègne qui, avec un score de 56, sera notre meilleure représentante en se classant à la 4ème place.
* Margaret Abbott
La 1ère et unique golfeuse ( pour l’instant ) Championne Olympique est née à Calcutta le 15 juin 1878.
Au décès de son père Charles, Margaret retourne aux Etats-Unis avec sa mère et son frère Sprague. La famille, plutôt fortunée, s’installe à Chicago et en 1897, Margaret, sur les conseils de sa mère, découvre le golf et s’y passionne.
En 1899, accompagnée de sa mère Mary, Margaret se rend à Paris pour poursuivre ses études d’Art.
Extrait de » Mes recherches sur Margaret Abbott par Paula Welch »
« Bien que venue pour ses études artistiques, Margaret Abbott participe aux Jeux Olympiques et devient, le 4 octobre 1900, la première championne olympique américaine….. La revue anglaise « Golf Illustrated » décrit le tournoi international de Compiègne, prés de Paris, comme une rencontre élégante et pleine de succès. La finale entre MIle Abbott et Mme Hager Pratt (appelée parfois Huger) attire un tel public qu’il va même jusqu’à gêner leurs mouvements. »
Le 5 octobre, les résultats sont annoncés par le New-York Times sous le titre : International golf competition at Compiègne in connection with Paris Exposition…. Pas de Jeux Olympiques !
Mary et Margaret resteront à Paris jusqu’au deuxième semestre 1902.
D’après Paula Welch, Margaret Abbott aurait gagné le championnat féminin de golf de France «..[ Avant son retour aux Etats-Unis, Margaret gagne le championnat féminin de golf de France. Philippe Dunne rapporte que plus tard, elle expliqua à sa famille sa victoire parce que les Françaises méconnaissant la nature du jeu, s’étaient présentées en talons hauts et jupes serrées]… »
Ce championnat est un mystère ! à moins qu’il ne s’agisse de la coupe des Lilas qui avait eu lieu au golf de Paris pour l’inauguration du Club House. Margaret Abbot avec un score de 78 sur 9 trous y avait remporté l’épreuve.
La revue Femina N°34 du 15 juin 1902, relate cette belle et historique journée de printemps et, ne mentionne pas l’épreuve féminine comme étant le championnat féminin de golf de France.
De retour en Amérique, Margaret Abbott épouse le 10 décembre 1902, Finley Peter Dunne, écrivain et fondateur de la satire politique « Mr Dooley ».
Le 10 juin 1955, Margaret Abbott Dunne décède en n’ayant jamais su qu’elle avait été la 1ère Championne Olympique de Golf et la 1ère Championne Olympique Américaine.
Le Grand Prix de l’Exposition ou Championnat Olympique de Golf Messieurs.
L’épreuve masculine se déroule sur 36 trous en stroke play scratch.
L’ Américain Charles E Sands* remporte l’épreuve avec un 82 puis un 85 soit un score de 167 sur 36 trous. Le second avec un score de 168 est l’Ecossais Walter Rutherford du Jedburgh Golf Club suivi du joueur du Troon Golf Club, D. D. Robertson.
* Charles Edward Sands
Né en 1865, Charles E Sands est reconnu comme un excellent joueur de lawn-tennis. Il commence le golf en 1895 en compagnie de son frère William, champion du Club, au Saint Andrew’s Golf Club à Yonkers, NY. Le St Andrew’s Golf Club est le plus ancien golf des Etats-Unis, 1888.
Et, après trois mois de golf, Charles E Sands est finaliste du 1er US Amateur Championship de golf. Opposé à Charles Blair Mac Donald, sans aucun doute plus expérimenté, il ne peut rien faire et s’incline 12 et 11.
Excepté sa belle victoire lors des Jeux de Paris et de sa finale à l’US Amateur, Charles Sands n’a pas connu d’autres exploits golfiques similaires.
Par contre, en 1905, il deviendra Champion US de court tennis ( Jeu de Paume ). Il fait partie des rares athlètes Américains a avoir participé dans trois disciplines olympiques différentes, le golf et le lawn-tennis en 1900 puis au Jeu de Paume en 1908 à Londres.
Charles Edward Sands décède en août 1945.
Le Championnat Men’s Handicap
Le Concours Net n’a pas été officialisé comme épreuve olympique.
Dommage car
Pierre Deschamps* avec sa seconde place aurait pu être le 1er golfeur français médaillé olympique. La victoire avait été obtenue par l’Américain Albert Bond Lambert de St Louis avec un score Net de 73.
* Pierre Deschamps a été le 1er président du golf de Paris la Boulie mais surtout, il a créé en 1912, l’Union des Golfs de France connu aujourd’hui sous le nom de Fédération Française de Golf. Voir article lien suivant :
http://www.apgf.fr/Pierre-Deschamps-le-Saint-Pierre.html
LES JEUX DE SAINT LOUIS, 1904.
La ville américaine de Saint Louis dans l’Etat du Missouri est chargée de l’organisation des 3ème Olympiades.
L’épreuve de golf s’était déroulée au Glen Echo Country Club du 19 au 24 septembre. Ouvert en 1901, le Club de Saint Louis disposait d’un parcours de 18 trous de 6,235 yards déjà réputé pour l’excellence de ses greens.
Au programme, une rencontre individuelle Messieurs et une par équipes Messieurs. Pas de championnat féminin faute de participantes.
Soixante-quinze joueurs étaient inscrits. Tous sont des Etats-Unis sauf un qui vient du Canada.
L’épreuve Olympique individuelle
La formule de jeu change.
Qualification en stroke-play sur 36 trous. 32 joueurs sont retenus pour participer à la phase finale en Match play.
Raph Mc Kittrick et Stuart Strickney sont à égalité avec un score total de 163. Un play off est organisé afin de les départager et Mc Kittrick remporte le barrage.
Après quelques jours de matchs certainement passionnants, la finale olympique oppose l’US Champion en titre Henry Chandler Egan au champion Canadien George S. Lyon.
La victoire reviendra à
George Seymour Lyon* par 3 et 2 sur 36 trous.
* George Seymour Lyon
Le Canadien est né à Richmond le 27 juillet 1858. Sportif exemplaire, il deviendra une des plus grandes stars du golf canadien amateur.
Le Champion Olympique avait découvert le golf en 1896 après avoir pratiqué le saut à la perche, le cricket, le base ball etc..
En 1898, il remporte le premier de ses huit titres nationaux. En 1906, il participe à l’US Amateur, où il s’incline en finale face Eben M. Byers. Puis en 1908, il se rend en Grande Bretagne pour jouer le British et défendre son titre olympique.
Suite à une mésentente entre le Comité d’Organisation Olympique et le Royal & Ancient, les joueurs britanniques boycottent et les Américains annulent leur voyage.
En Angleterre depuis quelques semaines, George S Lyon se rend pour participer au tournoi olympique de golf. Seul inscrit, il se voit décerner la médaille d’or sans avoir à jouer. Médaille qu’il refuse.
Devenu senior, George S Lyon crée l’Association de Golf Seniors Canadien et remporte plusieurs fois le titre national dans cette catégorie.
En 1923, il est élu Président de la Royale Fédération Canadienne de Golf.
Le Père du Golf Canadien décèdera le 11 mai 1938 à Toronto.
En 1955, l’unique golfeur Canadien médaillé Or Olympique fait partie des 53 premiers athlètes a être intronisé au « Panthéon du Sport Canadien ».
En 1971, ce sera au tour du « Panthéon du Golf Canadien » qui vient de se créer, de lui rendre ce bel hommage.
Enfin, en 2000, le Hall of Fame Golf Ontario se crée et George Lyon en devient membre.
http://www.isoh.org/pages/featured200607.html
L’épreuve Olympique par Equipe
Vu le nombre de Nations représentées ( deux ), seul un pays aurait pu aligner une équipe. Finalement, cette épreuve se joue entre les différentes Associations de Golfs des Etats-Unis représentées par les joueurs inscrits.
Chaque Association a aligné une équipe de dix joueurs. Le titre Olympique a été remporté par la Western Golf Association* suivie de l’équipe locale Trans Mississipi Golf Association dans laquelle se trouvait
Albert Bond Lambert* . L’US Golf Association obtient le bronze.
*Albert Bond Lambert
C’est le seul golfeur a avoir participé aux deux Olympiades ( Paris et Saint Louis ).
Le nom de LAMBERT est aussi associé à l’Aéroport International de St Louis.
Tout ce qui vole, passionne Albert Bond Lambert. De la balle de golf à l’avion en passant par le vol en ballon qu’il a découvert à Paris en 1906.
Co – fondateurs de l’Aero-Club de St Louis en 1907, Lambert rencontre deux ans plus tard, les frères Wright. Après avoir écouté les précieux conseils de pilotage d’Orville Wright, il devient en 1911, le 1er habitant de St Louis a obtenir sa licence de pilote d’avion.
Fan d’aventures aériennes, il achète en 1920, un terrain de 550 acres, qu’il nomme Lambert Fields, sur lequel il va créer ateliers, hangars, pistes etc. à ses propres frais. Bienfaiteur de l’aviateur Charles Lindbergh, celui-ci décollera de Lambert Fields à bord de son « Spirit of St Louis » pour rejoindre New-York, afin de tenter la traversée de l’Atlantique sans escale jusqu’à Paris le Bourget. Traversée qu’il réussira avec succès.
Après cet épisode magique, Albert B Lambert laisse en 1927, terrain et bâtiments à la ville de St Louis. La ville lui rembourse cependant 68 000 dollars. Somme correspond à l’achat du terrain en 1920.
Agrandi plusieurs années plus tard, le Lambert Fields est devenu le Lambert St Louis International Airport.
RENDEZ VOUS EN 2016 pour la suite des nouvelles aventures Olympiques !
A découvrir si cela n’est pas encore fait !
Paru en 2003, Editeur Atlantica «
Le Golf et les Jeux Olympiques » par Georges Jeanneau
Rédacteur : Philippe PALLI
Sources :
– Mes recherches sur Margaret Abbott par Paula Welch
– Golf and the Olympic Games par Bill Mallon
– Archives New-York Times
– EXPOSITION UNIVERSELLE INTERNATIONALE DE 1900,
Les Concours Internationaux d’Exercices Physiques et de Sports, Publiés sous la direction de Mr Daniel MERILLON délégué général aux concours d’exercices physiques et de sports.
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Compiègne 1900, Concours Dames
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Compiègne 1900
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George Seymour Lyon
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Glen Echo Country Club
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Albert B Lambert
Documents joints